Je sentais naître en moi un sentiment de reconquête. Une émotion puissante mais passagère qui faisait taire sur son passage mes maux les plus douloureux. Je n’étais pas ce genre d’être imbu de sa personne où n’ayant en tête qu’une irrépressible envie de pouvoir et de puissance. Après tout, si, ce caractère perfide m’habitait, mes yeux ne se trouveraient pas ici à contempler ses corps encore chauds et bouillonnants. Chacune de ces personnes créant maintenant mon cercle privé m’entourait et me lançait des regards emplis d’affection.  Mon seul regard s’adressait aux formes ombrageuses des habitations de Kirigakure, un phantasme vint bouleversait mon moment de concentration laissant un léger vent d’hésitation planer en moi. Et si je n’étais pas à la hauteur de ce titre qu’on m’accordait pour ce talent avéré que le Sandaime m’avait attribué avant que le trépas ne rattrape ces laborieuses années ? Je ne pense pas que je suis le premier a laissé ce doute pénétrer dans mon sanctuaire mais j’avais cette certitude qu’elle était transitoire.


Les anciens du Kiri se trouvaient à ma gauche tandis que devant moi les meilleurs éléments de mon village, ainsi que les épéistes les plus redoutés, se dressaient face à ma personne comme un étendard vacillant. Dans ce genre de réunion officielle, chacune des minutes de cet entretient avait son sens et aucune d’elles n’étaient laissées à la contingence.  D’ailleurs, l’heure de mon discours était arrivée, les anciens finissaient à peine d’adresser les derniers vœux du Sandaime en ce qui concerne sa succession. Après cet instant de remémoration des années où le Mizukage avant moi avait su mener le village d’une poigne de fer, ma première conférence face à l’assemblée était annoncée. Mon cœur rata un battement mais reprit un rythme normal dès que je pus apercevoir des visages m’étant familiers, je suis le nouveau Mizukage et je me devais de faire preuve rigueur dans mes propos mais aussi d’une inflexibilité dans ma posture.


«  Chers habitants de Kirigakure, je me tiens devant vous entant que votre Yondaime Mizukage. J’honore par ma présence, peuple du Brouillard, les dernières volontés de notre regretté Sandaime. Sachez que mon cœur ne cesse de vous remercier pour vos acclamations pour ce titre qu’on m’octroie en ce jour. Mes mots seront brefs car, il est inutile d’encombrer nos esprits de divagations ou de fausses modesties. Aujourd’hui, je m’engage solennellement à protéger ce village aux dépens de ma vie. Je vous offre à travers mes paroles, la lumière de mon premier souffle et garde en mon sein l’ombre des mes vices. Peuple, n’aillez aucune crainte en votre nouveau serviteur, détachez-vous de vos préjugés qui sont engendrés par la vanité, oubliez vos peurs d’un règne tyrannique car mon nom n’apportera uniquement que la paix et la renommée de votre village ! Ma vie vous appartient et mon seul présent que je vous offrirai toujours sera la reconnaissance que j’éprouve en vous voyant fièrement braver les dangers pour Kiri. »


Des applaudissements clôturaient mes paroles et la venue d’un ancien annoncé un nouveau  discours polémique. Bien que cet évènement me fût tout bonnement adressé, j’éprouvais une aversion pour ce genre de chose. Les flatteries n’étaient pas mon fort mais je devais me plaire dans toutes ses faussetés. Beaucoup pensent que je ne suis qu’un jeunot et que de mettre le sort du village entre mes mains n’est qu’une aliénation d’un mourant.  Ils me sous-estiment mais cela ne provoque en moi que des rires niais. Ces derniers jugeaient de mes capacités sans même les avoir vues à l’œuvre, sont-ils mieux placés pour pouvoir se disposer d’un potentiel kage pour les diriger vers un avenir plus serein ? C’est également à partir de ce moment que j’acquis un côté plus écorché et amère envers ceux qui me rabaissaient. Si, entant que Mizukage, je n’avais pas assez de pouvoir pour me faire respecter qui le fera ? Les anciens ? Une bande d’hypocrites qui ne savent même pas déceler le vrai du faux, bien sûr certains d’entre-eux se démarquaient et occupaient une place de réels conseillers à mes côtés ; et heureusement…  Une voix portante vint briser le calme de cette assemblée. Criant à haute voix mon incapacité à gérer une telle puissance de guerre. Néanmoins, ces mots ne me touchèrent nullement, je savais ce qu’ils pensaient de moi. Je fis mine à mes gardes de ne pas intervenir et aux anciens de ne pas prendre part de cette affront. M’adressant une nouvelle fois à l’assemblée, tenant entre mes mains mon arme. Je le frappais contre le sol et poussant sur mes cordes vocales d’une voix roque :


« N’étais-je pas le bras droit du Sandaime lors de son règne ? Ne fus-je pas à votre service lorsque les nukenins ravageaient nos côtes ou encore détruisaient les habitations de vos frères ?  Jai toujours agi pour dans l’ombre pour la paix en ces lieux. Sandaime était mon tuteur, mon maître et un père pour moi, je ne suis pas un orgueilleux et je ne m’enorgueilli  nullement de ces bassesses qu’on me fait preuve aujourd’hui. Toujours, je fus l’ombre de votre sérénité… J’étais la main armée de notre feu Mizukage et tranchais sous le nom de justice les  têtes de vos ennemis. Si, mes mains sont souillées de sang c’est pour votre quiétude. Si, mes blessures se taisent et ma peur est devenue une vieille ennemie c’est pour vous. Alors pensez-vous qu’à cause de mon jeune âge, je ne puis diriger l’héritage de mon maître tant regretté ? Quiconque pourra endosser ce titre qu’il se dresse face à moi, s’il se sent capable de porter sur ses épaules fébriles le fardeau d’un peuple et les pleurs des orphelins et les râles de nos morts qu’il se dresse face à moi. Ainsi, aucun d’entre vous n’ose se rebeller contre la parole du Sandaime, personne n’osera tâcher les dernières volontés de ce dernier. Je vous jure de vous protéger et d’offrir corps et âme à ma tâche. »


Un silence religieux prit possession du lieu, une légère pluie vint assécher les derniers troubles. Les villageois se retirèrent peu à peu et les anciens m’accompagnèrent jusqu’à mon bureau. Je voyais s’élever le pouvoir d’un peuple qui était mien et le voyait se disposait… Ce mouvement de masse, cette puissance dans l’indignation, ils formaient un groupe et je le sentais jusque dans ma chair. J’allais pouvoir mener ces troupes vers la réussite et la gloire et des frissons chatouillèrent ma moelle.


« J’apaiserai par mon sang la mer déchaînée et forgerai mes larmes pour les dresser face à l’adversité. Tel sera mon nindô. »