Peu de choses sont connues du Yondaime Kazekage, assez paradoxalement puisqu’il est tout de même le père de l’un des personnages principaux du manga. Néanmoins, avec un brin d’analyse, nous pouvons aisément affirmer qu’il est un chef avisé et politicien confirmé, mais aussi un homme froid, pour qui seul le résultat compte, et qui ne recule devant rien pour atteindre son but. Absolument rien. Pas même sacrifier la vie de sa femme et potentiellement anéantir celle de son fils et nouveau-né.

Comment évoquer la psychologie du Yondaime sans se pencher sur ce qui est certainement le plus important pour lui, Suna ? Si l’œuvre originale avait fait écho d’une « Volonté du Vent » ou d’une « Volonté du Désert », nul doute que cet homme en aurait été l’un des plus fiers défenseurs. Car si admettre qu’un homme est capable de sacrifier sa propre famille pour son village est une chose monstrueuse, il faut néanmoins replacer les choses dans leur contexte. Le Quatrième Kazekage est sans aucun doute l’un des Kage dont la tâche fut la plus difficile, tous villages et toutes générations confondues, peut-être même celui qui a hérité de la pire des situations.

Un village dont le leader charismatique et puissant a disparu, des semaines et des semaines de recherches pour le retrouver et, finalement, un autre choisi pour le remplacer, presque par défaut, car aucun signe de vie n’est retrouvé. Un village qui se replie sur lui-même, qui craint que ses voisins ne soient à l’origine de la disparition du précédent et fini par ne plus collaborer avec aucun autre… Voici la situation du village de sable au moment où le Yondaime a reçu son titre. En réalité, les choses n’ont pas réellement changé, il a simplement fait oublier son prédécesseur : il est rapidement devenu la nouvelle figure du chef de village incontestable, prêt à tout pour les siens. Habile en négociation, il a su convaincre Damyô et marchands de continuer à croire en Suna pour que l’économie ne s’effondre pas, du moins, pas trop vite. Car, aussi fort qu’il puisse être, l’Histoire allait dans le sens de la déchéance du sable.

Au-delà de cela, analyser la psychologie profonde du Yondaime est chose particulièrement délicate. En effet, ce que l’on sait de lui avant sa résurrection semble en faire un homme froid, sévère, calculateur, méfiant, dépourvu de toute patience ou de compassion. Néanmoins, sa confrontation avec Gaara montre un visage différent : un homme rempli de remords, fier de son village et de sa famille, extrêmement protecteur envers Suna, en tant que Kazekage, mais aussi envers ses proches. Alors, lequel est le véritable Yondaime ? Lequel doit être celui de notre époque, de notre jeu ?

Imaginer un homme regretter des erreurs qu’il n’a pas commis est impensable, soyons cohérent, alors nécessairement, ce Yondaime là ne peut être que celui de l’intolérance, du travail, du regard glacial et de l’autorité absolue. Un quasi dictateur qui ne souhaite qu’une chose : rendre sa splendeur à Suna. Une figure qui n’hésitera devant aucun sacrifice pour parvenir à cet objectif : non pas parce qu’il est fou, pas non plus parce qu’il est un monstre… Non, il sera prêt à tout perdre pour son village tout simplement parce qu’il est le plus parfait des shinobi. Il est le Kazekage : celui qui voit tout, celui qui dirige tout, mais surtout celui qui perd tout. Toute humanité, tous moments de repos, toutes les attentions pour les siens… Seul doit compter le titre et ce qu’il implique.

Comme cela pouvait être craint, la situation avait empiré de manière catastrophique. C’était la tentative de la dernière chance, le dernier espoir pour le village du désert de continuer la formation d’un Jinchuuriki digne de ce nom. Tant de choses reposaient sur ce projet… Mais l’échec était total, et particulièrement cuisant. Au fond, il n’y avait rien à dire, rien de plus. Le village avait fait des plans, avait tracé un chemin qu’il fallait emprunter pour s’en sortir. Tous savaient qu’il était sinueux et avait peu de chances d’aboutir à un succès retentissant, mais le jeu en valait la chandelle. A cet instant précis, au beau milieu de la nuit, tout s’effondrait et il ne restait qu’une seule chose à faire : limiter la casse et puis, un jour peut-être, réussir à tout réparer.

Le village entier était désert. Plus personne n’arpentait les rues où se cachait dans un habitant : tous avaient été sommés de fuir pour la nuit. C’était un exercice, de ce qu’on leur avait dit. La réalité était tout autre : ce n’était, ni plus ni moins, qu’une mission de rang S exécutée par le Kazekage en personne. Il était le seul toujours présent dans le village, avec deux autres personnes. Un enfant d’à peine six ans et un jeune homme, mourant. Bientôt, l’homme rendit son dernier souffle, dans un râle grave et fatigué. Mort pour son village, pour sa mission. Et puis, l’instant fatidique arrivait. L’enfant pleurait, hurlait de douleur, de peine, de tristesse et de colère. Et puis, au moment d’après, il n’était plus là. Disparu, si bien que le Kazekage fut le dernier homme dans ce village fantôme. Mais pas la dernière chose.

Dans un grondement sourd et bruyant, la bête du désert fit son apparition, hurlant elle aussi, comme-ci la colère de l’enfant s’était transmis à elle. L’homme s’arrêta un instant, observant le monstre de ses propres yeux. La lune était pleine et ronde, illuminant la scène d’une lumière blanchâtre majestueuse. Quelque part, il y avait une somptueuse beauté dans ce cadre à la fois splendide et terrible. Un paysage oxymorique juxtaposant la clarté blafarde de l’astre lunaire et la sombre créature à queue. Dans un chuchotement inaudible, l’homme s’exprima un instant, comme-ci il s’adressait à quelqu’un proche de lui :

« Finalement, Gaara n’aura été qu’un échec de plus. Je suis désolé, Karura. J’aurai dû t’écouter… »

La bête hurlait sans s’interrompre, comme-ci elle n’avait pas besoin de reprendre son souffle. L’homme, de son côté, commença à bondir de toit en toit afin de se rapprocher d’elle. La tempête se levait peu à peu et n’allait pas tarder à se déchainer. Alors que le Kazekage se trouvait à moins de cinquante mètres du Shukaku, il fit à l’horizon une vague de sable fondre sur le village à toute vitesse. Il effectua un simple signe et posa les deux mains à terre, faisant jaillir une vague dorée certes moins imposante, mais bien plus puissante. Elle frappa celle de sable et finit par la ralentir suffisamment pour que les remparts rocailleux de la cité ne la stoppe sans aucune difficulté.

La bête tourna son regard vers notre vaillant héros et tenta de le frapper d’un violent coup de queue, qu’il esquiva d’un puissant bond. Avec fracas, le membre monstrueux vint s’abattre au sol, détruisant  un bâtiment et faisant vaciller ceux alentours. Le chef du village effectua d’autres signes et projeta une multitude de gerbes de poussière d’or qui vinrent percuter le démon et le faire tomber à la renverse. Sans difficulté, la bête se releva et cracha une puissante boule d’air. L’homme fit jaillir un mur doré pour la stopper, mais sa création était trop fébrile et il fut finalement projeté des dizaines de mètres plus loin avec une violence insupportable. S’abattant sur le sol, le guerrier du désert se releva avec difficulté, tandis que la bête s’approchait de lui, marchant sans se soucier de tous les bâtiments qu’elle détruisait sur son passage. La bataille ne faisait que commencer.

Le monstre tenta d’aplatir le chef du village avec l’une de ses immenses pattes. Ce dernier fit jaillir du sol sa poussière d’or et l’interposa pour retenir le membre de la créature. Il parvint à gagner ainsi quelques précieuses secondes qui lui suffirent pour sortir de cette situation délicate. Sur un autre toit, il observait la bête, voyant le corps de son frêle enfant trôner sur sa tête, endormi. C’était là la clé du succès : pour vaincre un Jinchuuriki de Shukaku ne maîtrisant pas son bijuu, il n’y avait qu’une seule chose à faire : le réveiller. Cela pouvait paraitre simple, dit comme cela, mais en réalité… Le Shukaku l’observa, ricanant légèrement. Le Tanuki avait toujours été moqueur et manipulateur, particulièrement avec les humains. Cela faisait des années qu’il n’était pas sorti, aussi, il comptait bien profiter de cette situation pour se défouler mais aussi, pourquoi pas, s’échapper de ce village dont il était prisonnier depuis des années.

Ichibi prépara une nouvelle bulle d’air que, cette fois, le Kazekage esquiva : un shinobi de ce niveau ne se faisait pas avoir deux fois par la même technique. Alors en l’air, l’homme profita de l’ouverture pour attaquer à nouveau. Cette fois, il généra une immense quantité de poussière d’or tout autour du monstre. La poussière tournait autour de lui et se rapprochait, se collait à lui pour l’enfermer. Formant un petit amas au-dessous de lui pour rester dans les airs, l’homme déplaça ensuite son nuage d’or pour se rapprocher de la bête immobilisée. Alors qu’il pensait pouvoir la retenir suffisamment longtemps, cette dernière se libéra et contre-attaque à l’aide du sable.

De fins jets de sables très condensés jaillir du sol. Leur amplitude était faible, mais si un seul touchait notre héros, il serait à coup sûr transpercé de part en part comme-ci il s’agissait d’une épée. Sur son nuage, le guerrier esquivait en modifiant sa trajectoire, fonçant toujours vers la bête partiellement immobilisée. Alors qu’il se trouvait à moins d’une vingtaine de mètres de sa gueule, il quitta sa plate-forme d’un bond pour foncer plus rapidement vers sa cible. Le Shukaku tenta de l’attaquer, mais dans sa chute, le Kazekage forma un dôme protecteur de sable d’or hyper condensé pour se protéger. Le sable, malgré sa vitesse et sa dureté, venait s’aplatir sur le métal sans même l’affaiblir. Le shinobi finit par poser le pied sur le front de la bête et infligea un violent coup de poing à son fils pour le réveiller d’un seul coup, faisant disparaitre le démon à queue dans un épais torrent de sable.

L’enfant ne se réveilla que l’espace d’un instant avant de perdre connaissance, sans doute de fatigue aussi bien physique que mentale : c’était, après tout, sa première transformation totale. Le Kazekage se retrouvait quant à lui totalement seul dans un village à moitié en ruine, épuisé et blessé, portant un fils que tous lui demanderaient de tuer pour mettre fin au danger qu’il représentait pour le village. Cette bataille, particulièrement rude, n’était que le commencement d’un épisode qui s’annonçait éprouvant pour tous.